Développement du port de Bandol et aménagements. Le Port en 1750 est entièrement naturel. C’est un bon abri, mais il est exposé aux gros temps du sud: le labech ou la largade, qui soufflent quelques fois en automne. Ci dessous Bandol en 1750 Bnf: Le village de Bandol n’a que 35 ans. Dessous plan de Bandol en 1829, avec le nom des rues; l’aménagement du port n’est guère mieux ! (clic sur image)
» Demandée avec insistance depuis 1754 (par les marins et les commerçants), la construction de la grande jetée est finalement commencée en 1846. L’entrepreneur, à cause de difficultés financières, résilie son contrat en cours de travaux. La jetée ne sera qu’un brise-lame parallèle à la côte, non raccordé à la terre ferme.
Pour sa construction, les blocs de rochers sont extraits d’une carrière située sur l’île de Bendor. Ils sont transportés par chaland et par un petit chemin de fer sur pilotis qui permet d’immerger journellement 150 mètres cubes d’enrochements contre 50 mètres cubes par chalands. Le brise lame est achevé en 1850.
Pour le lancement d’un brick par le chantier Berenguier en juin 1856, on doit curer l’accès aux eaux libres sur 10 m de large, 20 m de long et 5 m de profondeur. A partir de 1857 et pendant deux bonnes années, les importations dans le port se sont très sensiblement accrues en raison de la construction de la voie ferrée et du viaduc. Tous les jours des tonnes de rails, de bois de chêne, de briques, sont débarquées. Ainsi le port participe à la construction de ce nouveau moyen de transport qui sera par la suite son rival et finalement son remplaçant. La lecture des registres du port de l’année 1858 permet d’imaginer l’encombrement des quais et l’animation du village : Le 11 août, le Saint Jean-Baptiste décharge 50 tonneaux de rails venant de Marseille, suivi le 13 août par le Saint-Joseph, puis le 14 ce sont le Saint Ange qui décharge 50 tonneaux de bois de chêne et le Victorieux qui en décharge 95. Le 16 août le Eugénie amène 60 tonneaux de rails, puis le 18 le Jean Félix débarque 80 tonneaux, le 19 ce sont 76 tonneaux de rails qui sont déchargés du Joseph-Marie. Puis le 23, le Saint-Joseph revient avec 50 tonneaux de bois de chêne ; ce même jour, le Providence ramène d’Arles 80 tonneaux de bois de chêne.
A ce trafic il faut rajouter de 1857 à 1858 celui dû au chantier de raccordement de la jetée à la terre ferme. Ce tronçon mettra fin à l’envahissement des algues qui s’engouffrent par vent d’ouest dans la passe. Cette fois, les pierres arrivent de la carrière de la route de Saint Cyr, grâce à un chemin de fer Decauville qui longe tout le port et passe au pied de l’ancien château sur un chemin de deux à trois mètres pris sur la mer.
Après le démontage des traverses, ce chemin provisoire, proprement construit avec un muret de pierres, sera rapidement adopté par les pêcheurs, les propriétaires de bateaux et par les agriculteurs qui vont en hiver charger les algues pour amender leurs terres. Notons que le propriétaire du terrain cherchera à faire démolir ce chemin qui finalement une fois prolongé deviendra le Tour de Corniche. »
Résumé des travaux successifs:
Le port en 1885 -Archives de Bandol. (Surchargé avec les adjonctions successives). Sur ce plan manque, bien sûr, la petite jetée qui projetée en 1894, ne sera construite que bien plus tard, en 1938. En 1877, dans la partie ouest où la profondeur ne dépasse pas 1,5 m, on construit deux longueurs de quai de 28 m chacune, entre lesquelles a été réservé l’emplacement de la cale de halage de 50 m de long et de 20 m de large dans le sens de la pente.
» L’importance du trafic est telle que la décision de draguer le port est enfin prise, ce qui permettra à Bandol de devenir en 1863, le 4ème port de relâche français sur la façade méditerranéenne. Les navires rentrants ne font pas tous commerce ; à peu près 25% sont sur lest, 30% font relâche. Des navires de forts tonnages peuvent se mettre à l’abri, ou au contraire facilement appareiller, quelle que soit la direction des vents. Il arrive souvent que les atterrissages se produisent involontairement de nuit. N’oublions pas que la seule force motrice est le vent, et celui-ci est parfois capricieux. On dit qu’en Méditerranée ‘’il y a trop de vents ou pas assez !’’ Quand le vent tombe le soir, les tartanes chargées restent plantées sur la mer d’huile et attendent la brise de terre qui, peut-être, permettra l’approche de nuit. Au contraire si le vent a forci brusquement, l’arrivée se fera bien plus tôt que prévue. L’atterrissage de nuit est difficile: la visibilité est perturbée par la ligne de terre qui se confond avec la jetée. De plus un navire faisant route vers la passe par vent d’est, doit s’écarter de l’îlot de la Fourmi qu’il a sous le vent, et par vent d’ouest, il doit laisser de l’eau au passage de la pointe de la Cride. Le capitaine doit barrer dans un secteur bien défini qu’il a du mal à cerner. Toutes les années sont marquées par des sinistres d’autant plus fréquents que le trafic augmente : 900 bateaux de tailles diverses, pour 60000 tonneaux en tout, avec 4000 marins. La tourelle construite sur l’écueil de la Cride n’a pas fait baisser le nombre d’accidents ; la solution serait d’installer à l’extrémité de la jetée un feu de port. En 1863 un phare vient d’être placé sur les Rouveaux. L’accès au port de Bandol sera facilité la nuit grâce à ces deux repaires. C’est ce que déclare le compte rendu du Conseil Municipal de 1866 : « Un feu du port est bien plus préférable. Parce qu’avec un autre feu comme celui du Grand Rouveau, un navire peut toujours, dans un moment donné, déterminer sa position au moyen de 2 angles de relèvement et par suite diriger sa route avec toute sécurité pour atteindre le mouillage… »
Les quais sont aussi très insuffisants, seuls existent les 25 m construits à l’emplacement de la Consigne en 1847. Les opérations de déchargement et de rechargement durent au moins une semaine ; l’embarquement des vins et le débarquement des énormes quantités de douelles sont très incommodes. Aussi, en 1866, la construction de 40 m de quai supplémentaires est entreprise. Le profil transversal du quai se compose d’un massif de béton de 3,5 m de haut, 2 m de large, surmonté d’un mur en maçonnerie hydraulique de 1,9 m d’épaisseur et de 0,9 m de hauteur. Le parement extérieur de ce mur présente une inclinaison de 1/10ème ; il est revêtu de pierres de taille de 0,47 m de haut et de 1,05 m de queue. En arrière du couronnement, 4 bornes d’amarrage. Les travaux sont terminés en 1870. C’est du bon travail, 120 ans plus tard, nous pouvons toujours le voir (devant l’Office du Tourisme).
La Grande jetée 1994. Sur la jetée, en 1881, sont fixées 12 bornes d’amarrage en tube de fonte, encastrées dans des massifs en maçonnerie.
– (1876) Relevés de la côte ouest, vu du centre de la baie. Extraits du Pilote des Côtes du Sud de la France du SHOM(1)
On voit à droite le môle brise lames, à gauche devant l’île, la sèche la Fourmigue où sera construite la balise. (1) Autorisation de reproduction SHOM à Brest n°285/2005″
Sources pour cet article: Livre de Lucien Grillon BANDOL au XIXème siècle et au début du XXème, paru en 2005. Jean Grillon